Le taiji quan chez WuXingDao : le style du serpent
Le taiji quan de la famille Yang, le style du serpent, est un système complet dont la puissance réside dans la structure interne du corps et notamment dans la colonne vertébrale, plutôt que dans la force physique externe.
En 1958, quand je suis devenu son disciple, Maître Yang m’a enseigné en privé le style du serpent, le style secret de taiji. Le style du serpent synthétise les principes cachés du taiji des Yang pour renforcer le corps et son gong fu. Une forme de serpent équivaut à trois formes ordinaires.
Grand maître Ip Tai Tak, disciple de GM Yang Sau Zhong
L'histoire du taiji quan de la famille Yang
Elle débute au début des années 1800 avec Yang Luchan qui apprit la box Chen au village de Chenjiagou et s’en inspira pour créer un style de boxe ayant alors pour nom « boxe de la souplesse » ou « boxe des transformations » (hua quan) avant de prendre le nom de taiji quan (taichi chuan).
Comme le voulait alors la tradition chinoise, cet art martial fut transmis en totalité aux fils ainés de la famille et non à tous les élèves. Les héritiers des secrets de la famille Yang furent donc Yang Jian Hou (1839 – 1917), Yang Cheng Fu (1883 – 1936) et Yang Zhen Ming (1910 – 1985) aussi connu sous le nom de Yang Sau Zhong.
Ce dernier perdit sa femme et son fils pendant la guerre et eu trois filles d’un second mariage à qui il enseigna le taiji quan sans pour autant leur transmettre la totalité des secrets du style familial, patriarcat traditionnel obligeant. En 1954 à Hong Kong, il accepta Ip Tai Tak (1929 – 2004) comme élève avant de faire de lui son premier disciple et de lui confier l’héritage du taiji quan de la famille Yang.
Le seul fils d’Ip Tai Tak ne souhaitant pas apprendre le taiji quan, ce dernier forma alors deux disciple dont Robert (Bob) Boyd, sous le nom de Bao Tak Fai, à qui il transmit non seulement l’intégralité du système Yang, mais aussi le devoir de faire vivre et de diffuser ce style gardé secret pendant plus de deux siècles.
En 2011, Bob Boyd prit pour disciple Thierry Bae, sous le nom de Bei Di Xi.
En 2021 il a initié sa 2ème disciple Orit Callcut-Alkabetz (France-Israël) et en 2022, son 3ème disciple Marcel Friederichs (Allemagne).
On peut en savoir plus ?
La pratique du taiji quan Yang, dans son style du serpent, diffère de la façon dont il est pratiqué dans d’autres styles, même si la base de travail parait être la même pour tout le monde. La clé de la compréhension de ce style réside dans la compréhension des principes.
« Tout ce qui est or ne brille pas,
Ne sont pas perdus tous ceux qui vagabondent ;
Ce qui est vieux mais fort ne se flétrit pas,
Le gel n’atteint pas les racines profondes. »
J.R.R. Tolkien
Pourquoi le « style du serpent » ?
Dans les arts martiaux chinois, l’utilisation des noms d’animaux fait souvent référence au comportement ou à la posture de l’animal choisi. Il est parfois admis dans le taiji quan que les styles de la grue, du tigre ou du serpent donnent une indication sur la hauteur de la posture adoptée par le pratiquant.
Or le style du serpent transmis par Master Ip Tai Tak est un nom qu’il a lui même donné pour qualifier la façon toute particulière de bouger dans le taiji quan que lui a enseigné GM Yang Sau Zhong et qui se caractérise par une attention particulière à la colonne vertébrale ainsi qu’à des déplacement latéraux qui donnent l’impression d’onduler pour avancer, comme le ferait un serpent.
Ainsi, en travaillant au plus proche des 13 principes de la famille Yang, le taiji quan du style du serpent travaille sur la souplesse de la colonne vertébrale, sollicite la mobilité de la cage thoracique et de la ceinture scapulaire, engage les muscles profonds et certaines chaines tendino-musculaires. C’est à la fois un entrainement à la pratique des arts martiaux internes chinois, mais également un exercice de santé physique particulièrement efficace.
Qu’est-ce qui est différent d’autres écoles de style Yang ?
Tout d’abord, pour ceux qui ont déjà une expérience dans le taiji quan de style Yang, le style du serpent paraitra beaucoup plus rapide. La mise en pratique des principes du style Yang amène des déplacements à la fois enracinés et agiles, une puissance maîtrisée dans la mobilité. Certaines fioritures esthétiques sont également raccourci ou sacrifiées pour donner la priorité à l’efficacité et au respect des principes .
On favorisera alors la détente de la poitrine, le relâchement du bas du dos, des épaules et des membres qui sont générateurs de la puissance du taiji quan. L’accent est également mis sur la posture verticale, l’expression des intentions dans les mains ainsi que l’enracinement à 100% sur une seule jambe dans l’intégralité de la forme.
Taiji ? Tai chi ? Tai t’chi ?
Le chinois est une langue qui ne s’écrit pas avec un alphabet latin, vous l’aurez sans doute remarqué. Les idéogrammes utilisés représentent quelque chose, une idéee, un concept. C’est un système riche qui permet d’avoir une profondeur de sens pour décrire quelque chose. En Chinois, le taiji quan s’écrit 太極拳 mais pour avoir une idée de la façon de le prononcer, il a fallu inventer une façon de l’écrire phonétiquement avec notre alphabet latin. C’est pourquoi, au XIX° siècle, Thomas Francis Wade a conçu un système de « romanisation » du chinois mandarin, modifié plus tard par Herbert Giles en 1912 : c’est le système Wade-Giles. Plusieurs autres systèmes ont été conçus, jusqu’à l’apparition du Pinyin en 1958, puis son adoption par l’Organisation Internationale de Normalisation sous l’identifiant ISO7098.
Le taiji quan, introduit en Europe avant l’adoption du Pinyin, s’est d’abord écrit « Tai chi chuan » et a conservé cette orthographe dans bien des dictionnaires, de la même façon que certains autres mots chinois, comme « Taoïsme » par exemple, alors que leur orthographe normalisée en Pinyin devrait être respectivement « tàijí quán » et « dàojiào ».
Le qi gong, dont l’apparition chez nous s’est faite plus tardivement, n’a pas souffert de cette double appellation, ou très peu. S’il est possible de trouver parfois l’appellation « t’chi kung » on retrouve généralement beaucoup plus facilement le terme « qi gong ».
Alors ne vous étonnez plus quand vous verrez écrit sur différents sites « tai chi chuan » ou « tai t’chi chuan » ou même « taichi » car il s’agit bien du même sujet, orthographié différemment =)
Au final, comment ça se prononce ?
La prononciation du Pinyin n’est pas forcément intuitive, il faut bien le reconnaitre. Taiji quan se prononce à peu près « taï d’ji tchuane » et qi gong se prononce « t’chi kong« .
Pour en apprendre plus sur le Pinyin, je vous recommande la lecture de l’article Wikipedia traitant du sujet =)
Pourquoi ce style plus qu'un autre ?
Beaucoup plus qu’une « méditation active »
Il n’est pas rare de voir le taiji quan comparé à de la méditation en mouvement : un long mouvement ininterrompu ou la lenteur et le relâchement sont excessivement mis en valeur ; on vantera alors les mérites du taiji quan comme une discipline anti-stress et relaxante. C’est une vision un peu simpliste et partielle de tout ce que le taiji peut nous offrir et si l’on trouve effectivement des effets positifs sur la réduction du stress, il s’agit plus d’un effet secondaire agréable de la pratique plus que d’un réel objectif.
Le taiji quan du style du serpent est un travail de recherche sur son propre corps. Il demande de mobiliser des muscles profonds que notre quotidien ne sollicite guère, d’adopter des postures et des façons de bouger parfois peu intuitives mais qui ont toutes une action sur le corps et travaillent la structure en profondeur.
L’attachement au respect des principes permet de générer mécaniquement l’enracinement et permet d’éviter les douleurs aux genoux que l’on peut rencontrer dans certaines pratiques. Le taiji quan devient alors un exercice améliorant la condition physique de celui qui le pratique, même à un âge avancé.
Je peux essayer ?
Bien sûr, il n’est jamais trop tard pour emprunter la voie du taiji quan!
Voici plusieurs moyens de nous rejoindre.
3 bis place de la croix ô may, 22690 Pleudihen-sur-Rance
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